Zola ne mentionne Bazille qu’une fois dans les Ecrits sur l’art ; ce peintre délicat, dont on aurait pu attendre une œuvre aussi originale que celle de Renoir ou de Pissarro, est mort à Beaune-la-Rolande, victime de la guerre de 1870 qu’ont fuie ses amis, qui en Angleterre comme Monet, qui en Provence comme Cézanne…
Arrivé à Paris en 1862, il travaille à l’atelier de Gleyre avec Monet, Sisley et Renoir et devient vite l’ami de Cézanne (rencontré chez ses cousins Lejosne), qui l’introduit auprès de ses compagnons de l’académie Suisse, Guillaumin et Pissarro. C’est lui qui fait se rencontrer les deux groupes et constitue ainsi le premier noyau des futurs « impressionnistes ».
Gleyre ayant fermé son atelier, Bazille travaille avec ses amis en toute indépendance dès 1863, d’abord à Fontainebleau, puis, avec Monet, à Honfleur où il retrouve Boudin et Jongkind. En 1865, il pose pour Le Déjeuner sur l’herbe de Monet (1865) et pour Bazille peignant de Renoir (1867) ; il est également présent dans Atelier aux Batignolles de son ami Fantin-Latour ; en retour, il peint ses amis, Monet dans L’Ambulance Improvisée, mais aussi Renoir, Sisley, Astruc et Manet
D’abord influencé par Courbet et par Théodore Rousseau, il excelle en effet dans le tableau de figures, Zola le relève dès 1868 dans Mon Salon :
Dans la même salle, auprès de la marine de ce dernier, se trouve un tableau de Frédéric Bazille : Portraits de la famille***, qui témoigne d’un vif amour de la vérité. Les personnages sont groupés sur une terrasse, dans l’ombre adoucie d’un arbre. Chaque physionomie est étudiée avec un soin extrême, chaque figure a l’allure qui lui est propre. On voit que le peintre aime son temps, comme Claude Monet, et qu’il pense qu’on peut être un artiste en peignant une redingote. Il y a un groupe charmant dans la toile, le groupe formé par les deux jeunes filles assises au bord de la terrasse.
Mon Salon – Les Actualistes – 24 mai 1868
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