Chronologie de l’affaire Dreyfus

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20-25 septembre : Le Service des renseignements de l’armée (la « Section de Statistique ») dirigé par le colonel Sandherr, intercepte une lettre — le « bordereau » — adressé à Schwartzkoppen, l’attaché militaire allemand en poste à Paris. A la demande du général Mercier, ministre de la Guerre, une enquête est aussitôt menée dans les bureaux de l’Etat-Major.

6 octobre : Les soupçons se portent sur le capitaine Alfred Dreyfus, officier stagiaire à l’Etat- Major.

9 octobre : Le bordereau est soumis pour analyse à l’expert Gobert.

13 octobre : Gobert remet un rapport dubitatif. Une nouvelle expertise est demandée à Bertillon. Ce dernier, après un premier examen, conclut à la culpabilité de Dreyfus.

15 octobre : Convoqué au Ministère de la Guerre, Alfred Dreyfus est arrêté, après un rapide interrogatoire, par le commandant Du Paty de Clam, chargé de l’enquête. Il est écroué à la prison du Cherche-Midi.

18 octobre : Début des interrogatoires de Dreyfus par Du Paty.

23 octobre : Rapport officiel de Bertillon, adressé au préfet de police Lépine.

29 octobre : Les experts Charavay et Teysonnières confirment l’analyse de Bertillon.

31 octobre : Du Paty remet au Ministre de la Guerre son rapport sur l’enquête qu’il vient de conduire : il ne formule aucune conclusion précise.

1er novembre : La Libre Parole évoque pour la première fois le nom d’Alfred Dreyfus.

3 novembre : Le général Saussier, gouverneur de la place de Paris, donne l’ordre d’ouvrir une instruction judiciaire qui est confiée au commandant d’Ormescheville.

19   décembre : Début du procès d’Alfred Dreyfus devant le Conseil de guerre, à la prison du Cherche-Midi. L’accusé est défendu par Me Demange. Le huis-clos est prononcé.

20   décembre : Lors de la deuxième audience du procès, le commandant Henry, qui représente le Service des renseignements, affirme sa conviction de la culpabilité de Dreyfus.

22 décembre : A l’unanimité, les juges du Conseil de guerre condamnent Dreyfus à la déportation à vie dans une enceinte fortifiée. D’une manière qui est illégale, ils ont eu connaissance, avant leurs délibérations, d’un « dossier secret » que leur a fait remettre le général Mercier et dont les pièces paraissent accabler l’accusé.

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5 janvier : Le capitaine Dreyfus est dégradé publiquement dans la grande cour de l’Ecole militaire. Les journaux du soir évoquent de prétendus aveux faits par le condamné au capitaine Lebrun-Renaud.

17 janvier : Félix Faure est élu Président de la République. — Dans la nuit, départ de Dreyfus pour son lieu de détention.

7 février : Mathieu Dreyfus, le frère du condamné, va trouver Scheurer-Kestner, vice-président du Sénat (et comme lui d’origine alsacienne): il lui demande, mais sans succès, de l’aider.

12   mars : Le bateau transportant Alfred Dreyfus arrive en Guyane.

13   avril : Le condamné est transféré à l’île du Diable.

1er juillet : Le commandant Picquart est nommé à la tête du Service des renseignements : il remplace le colonel Sandherr, qui est malade.

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Le Lieutenant-Colonel Picquart

1-2 mars : Le Service des renseignements entre en possession d’une carte-télégramme (connue plus tard sous le nom de « petit-bleu ») écrite par Schwartzkoppen et adressée au commandant Esterhazy. — Picquart décide de mener une enquête sur Esterhazy. Il est bientôt persuadé que ce dernier est le véritable auteur du « bordereau ».

5 août : Picquart communique au général de Boisdeffre ses soupçons sur Esterhazy. Le chef de l’Etat-Major lui recommande la prudence.

3 septembre : Picquart rend compte au général Gonse (le sous-chef de l’Etat-Major) du résultat de son enquête sur Esterhazy.

14 septembre : Un article paru dans L’Eclair, voulant apporter la « preuve irréfutable » de la culpabilité de Dreyfus, fait pour la première fois allusion à la communication d’une pièce secrète aux juges du Conseil de guerre.

16 septembre : Lucie Dreyfus s’adresse à la Chambre pour demander la révision du procès de son mari.

27 octobre : Les supérieurs de Picquart, qui ont décidé d’éloigner celui-ci de Paris, signent un ordre de mission l’envoyant en inspection sur la frontière de l’Est.

31 octobre : Henry rédige, ou fait rédiger, un document qui accable directement Dreyfus (une lettre qu’aurait échangée Panizzardi et Schwartzkoppen, les attachés militaires italien et allemand) : c’est la pièce qu’on connaîtra plus tard sous le nom du « faux Henry ».

6 novembre : Bernard-Lazare fait paraître, à Bruxelles, sa première brochure sur l’Affaire, intitulée : Une erreur judiciaire. La vérité sur l’Affaire Dreyfus. Au cours des semaines qui suivent, il s’efforce de convaincre plusieurs personnalités du monde des lettres ou de la politique, dont Zola. Ses démarches n’ont guère de résultat.

10 novembre : Le Matin publie un fac-similé du texte du bordereau.

16 novembre : Picquart (qui a dû abandonner la direction du Service des renseignements) quitte Paris pour accomplir sa mission dans l’Est. – Publication à Paris (chez Stock) de la deuxième édition de la brochure de Bernard-Lazare.

26 décembre : Le général Gonse écrit à Picquart que sa mission est prolongée et qu’il doit partir pour la Tunisie.

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Auguste Scheurer-Kestner

 

6 janvier : Gonse écrit à Picquart qu’il l’affecte « provisoirement » au 4è régiment de tirailleurs algériens (basé à Sousse, en Tunisie).

16 janvier : Arrivée de Picquart en Tunisie.

21-29 juin : En permission à Paris, Picquart confie à l’avocat Leblois, sous le sceau du secret, tout ce qu’il a découvert ; pensant qu’une machination se prépare contre lui, il lui donne un « mandat général de défense ».

13 juillet : Leblois raconte ce qu’il sait à Scheurer-Kestner. Ce dernier, bien qu’il soit tenu par le secret de la confidence, décide de mener campagne pour la réhabilitation de Dreyfus.

17 août : Esterhazy est mis en position de non-activité pour « infirmités temporaires ».

10-15 octobre : Le général Billot, le ministre de la Guerre, ordonne d’étendre la mission de Picquart sur la frontière tripolitaine, où des troubles ont été signalés.

16 octobre : Au cours du réunion qui se tient au Ministère de la Guerre, et à laquelle participent Gonse, Henry et Du Paty, on décide d’avertir Esterhazy des accusations dont il va être l’objet.

18 octobre : Esterhazy reçoit une lettre anonyme le mettant en garde (signée « Espérance »).

19 octobre : Publication du premier numéro de L’Aurore, quotidien fondé par Ernest Vaughan. Georges Clemenceau, Urbain Gohier, Bernard-Lazare font partie de l’équipe de rédaction.

23 octobre : Entrevue secrète du parc de Montsouris entre Esterhazy et les émissaires du Ministère (Du Paty de Clam, Henry et Gribelin).

29   octobre : Scheurer-Kestner est reçu à l’Elysée par Félix Faure.

30   octobre : Scheurer-Kestner a une longue conversation avec Billot (qui est son ami de longue date) : ce dernier lui promet d’ouvrir une enquête, mais il lui demande de lui accorder un délai de quinze jours.

3 novembre : Scheurer-Kestner se rend chez Méline, le Président du Conseil.

5   novembre : Gabriel Monod affirme dans Le Temps (numéro daté du 6) que Dreyfus est victime d’une erreur judiciaire.

6   novembre : Un an après sa première démarche, Bernard-Lazare rend une nouvelle fois visite à Zola. Il est sur le point de publier son deuxième mémoire : Une erreur judiciaire. L’affaire Dreyfus (Stock).

8 et 10 novembre : Visites successives de Louis Leblois, venu exposer le dossier de l’affaire Dreyfus.

10   novembre : Deux télégrammes mystérieux (signés « Spéranza » et « Blanche ») sont expédiés à Picquart, mettant en cause sa responsabilité.

11     novembre : Mathieu Dreyfus, qui a appris, grâce au banquier Castro, quel est le véritable auteur du bordereau, va trouver Scheurer-Kestner : ce dernier lui confirme son information.

12   novembre : Réunion au domicile de Scheurer-Kestner. Mathieu Dreyfus, Leblois et Emmanuel Arène sont présents.

13    novembre : Nouvelle réunion au domicile de Scheurer-Kestner. Zola, qui a été invité par le vice-président du Sénat, y assiste, en compagnie de Leblois, du romancier Marcel Prévost et de l’avocat Sarrut.

15    novembre : Dans une lettre ouverte à « un ami » (Arthur Ranc), publiée dans Le Temps (numéro daté du 16), Scheurer-Kestner affirme que Dreyfus est innocent. — Rappelé par son gouvernement, Schwartzkoppen (qui est nommé commandant du 2è Régiment des grenadiers de la Garde) quitte Paris.

16   novembre : Les journaux du matin publient une lettre – écrite la veille – de Mathieu Dreyfus au ministre de la Guerre, dénonçant Esterhazy comme l’auteur du bordereau.

17   novembre : A la suite de la dénonciation de Mathieu Dreyfus, une enquête est ouverte sur les activités d’Esterhazy. Confiée au général de Pellieux, elle prendra d’abord une forme administrative (17-20 novembre), puis une forme judiciaire (21 novembre-3 décembre).

25    novembre : Dans Le Figaro, premier article de Zola en faveur de la cause dreyfusiste (« M. Scheurer-Kestner »).

26    novembre : Picquart, rappelé de Tunisie, arrive à Paris. Il est interrogé dans le cadre de l’enquête conduite par de Pellieux.

28 novembre : Le Figaro publie des extraits de lettres d’Esterhazy à sa maîtresse, Mme de Boulancy (dont la fameuse « lettre du Ulhan »).

1er décembre : Poursuite de la campagne de Zola dans Le Figaro : « Le syndicat ».

3  décembre : Pellieux remet au général Saussier les conclusions de son enquête.

4   décembre : Une nouvelle enquête concernant Esterhazy est confiée au commandant Ravary. — Interpellation à la Chambre sur l’Affaire. Méline se défend en disant qu’il « n’y a pas », qu’il « ne peut pas y avoir d’affaire Dreyfus »…

5  décembre : Nouvel article de Zola, dans Le Figaro : « Procès-verbal ».

7 décembre : Au Sénat, interpellation de Scheurer-Kestner contre le gouvernement.

14 décembre : Zola publie la Lettre à la jeunesse.

26 décembre : Après avoir étudié le bordereau, les trois experts, Belhomme, Varinard et Couard, remettent leurs conclusions à Ravary : ils affirment que le document n’est pas l’oeuvre d’Esterhazy.

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1er janvier : Ravary remet au général Saussier un rapport d’enquête concluant à un non-lieu. Ce dernier décide cependant la mise en jugement du commandant Esterhazy.

4 janvier : Plainte de Picquart contre les auteurs des télégrammes du 10 novembre. Le juge Bertulus sera chargé de l’instruction.

7 janvier : Zola, Lettre à la France. Le Siècle publie l’acte d’accusation contre Alfred Dreyfus (rapport d’Ormescheville). Au même moment, Bernard-Lazare fait paraître son troisième mémoire, Comment on condamne un innocent (Stock).

10   janvier : Début du procès d’Esterhazy au Cherche-Midi. Le huis-clos est prononcé au bout de quelques heures.

11   janvier : Le Conseil de guerre vote l’acquittement d’Esterhazy à l’unanimité.

13   janvier : Publication de « J’accuse », dans L’Aurore. A la Chambre, Albert de Mun interpelle le gouvernement. Au Sénat, Scheurer-Kestner n’est pas reconduit dans ses fonctions de vice- président. En début de matinée, Picquart a été conduit au Mont-Valérien où il a été mis aux arrêts de rigueur.

14   janvier : Début de la publication, dans L’Aurore, d’une première « protestation » signée par une série d' »intellectuels » et demandant la révision du procès de Dreyfus. Une deuxième protestation suivra, le 16 janvier.

18   janvier : Plainte de Billot contre Zola et L’Aurore.

19   janvier : Manifeste du Prolétariat lancé par les députés socialistes et hostile à tout engagement dans la bataille de l’affaire Dreyfus. Jaurès, qui le signe, s’écartera cependant très vite de cette position.

20   janvier : Zola et Perrenx (le gérant de L’Aurore) reçoivent l’assignation à comparaître.

21    janvier : S’estimant diffamés par J’accuse, Belhomme, Varinard et Couard assignent Zola devant le tribunal correctionnel.

7 février : Ouverture du procès de Zola devant la cour d’assises de la Seine.

 

11 et 12 février : Déposition de Picquart devant la cour d’assises (5è et 6è audiences).

17   février : Lors de sa déposition, le général de Pellieux fait allusion au « faux Henry » (10è audience).

18   février : Intervention comminatoire du général de Boisdeffre (11è audience).

21 février : Réquisitoire de l’avocat général Van Cassel. « Déclaration au jury » de Zola. Début de la plaidoirie de Labori.

23 février : Zola est condamné, pour diffamation, au maximum de la peine possible (un an de prison et 3000 F. d’amende).

24-25 février : Au cours de deux réunions tenues chez Trarieux et chez Scheurer-Kestner, la décision est prise de fonder la Ligue pour la Défense des Droits de l’Homme et du Citoyen.

26 février : Publication du décret mettant Picquart en réforme pour « faute grave dans le service ». — Zola signe son pourvoi en cassation.

1er mars : Le roman d’Emile Zola, Paris, paraît en librairie (éd. Fasquelle).

5 mars : Duel entre Picquart et Henry.

9 mars : Procès intenté à Zola par les trois experts, Belhomme, Varinard et Couard, devant la 9è chambre correctionnelle.

15 mars : Le Siècle annonce la formation d’un Comité pour la réalisation d’une médaille en l’honneur de Zola (médaille Charpentier).

2 avril : La Chambre criminelle de la Cour de cassation annule pour vice de forme le jugement du 23 février.

8 avril : Les juges du Conseil de guerre qui a acquitté Esterhazy se portent partie civile contre Zola.

8 – 22 mai : Elections législatives : Jaurès et Reinach perdent leur siège de député ; Drumont est élu à Alger.

23   mai : Procès de Zola à Versailles, devant les assises de Seine-et-Oise. Labori se pourvoit en cassation, ce qui suspend les débats. — Article calomnieux de Judet, dans Le Petit Journal, contre le père du romancier.

24   mai : Plainte en diffamation déposée par Zola contre Judet.

26 mai : Election à l’Académie française. Zola n’obtient aucune voix (même résultat le 8 décembre, lors d’une élection ultérieure).

4 juin : Assemblée générale constitutive de la Ligue pour la Défense des Droits de l’Homme et du Citoyen.

15   juin : Démission du ministère Méline.

16   juin : La Cour de cassation rejette le pourvoi en cassation formé par Labori le 23 mai.

28 juin : Constitution du cabinet Brisson. Le ministre de la Guerre est Godefroy Cavaignac.

7 juillet : Cavaignac affirme, dans un discours à la Chambre, détenir les preuves irréfutables de la culpabilité de Dreyfus : il fait état, en particulier, de trois documents extraits du « dossier secret ».

9 juillet : Reprise du procès en diffamation intenté par les trois experts : Zola est condamné à quinze jours de prison avec sursis et à 2000 F. d’amende, plus 5000 F. de dommages-intérêts à verser à chacun des experts. — Dans une lettre adressée au Président du Conseil, Picquart conteste la validité des preuves avancées par Cavaignac.

12  juillet : Plainte de Cavaignac contre Picquart et Leblois. — Arrestation et incarcération d’Esterhazy, à l’initiative du juge Bertulus.

13  juillet : Arrestation et incarcération de Picquart (à la suite de la plainte déposée contre lui par Cavaignac).

16 juillet : Zola publie, dans L’Aurore, une lettre ouverte adressée au président du Conseil, Henri Brisson.

18   juillet : Reprise du procès de Zola aux assises de Versailles. Condamné à nouveau, à l’issue de l’audience, le romancier part, le soir même, pour l’Angleterre, pour éviter que l’arrêt ne lui soit signifié et ne devienne exécutoire.

19   juillet : Labori fait appel dans le procès des experts. — Zola s’installe, à Londres, au Grosvenor Hotel.

21   juillet : Début d’une série d’articles de Reinach, dans Le Siècle, sur « les faussaires » (dirigés en particulier contre Du Paty et Esterhazy).

22   juillet : Installation à Oatlands Park Hotel (entre Weybridge et Walton-on-Thames).

26 juillet : Zola est suspendu de l’ordre de la Légion d’honneur.

1er août : Zola s’installe dans la maison de « Penn », près de Weybridge.

3 août : Labori obtient que la neuvième Chambre correctionnelle condamne Ernest Judet et Le Petit Journal pour diffamation à l’égard de Zola.

5 août : Rejet par la Cour de cassation du pourvoi formé par Zola et L’Aurore contre le jugement rendu à Versailles le 18 juillet.

8 août : Début des interrogatoires de Picquart par le juge d’instruction Fabre.

10    août : La Chambre des appels correctionnels augmente les peines, dans le procès des experts : Zola est condamné à un mois de prison sans sursis et à 2000 F. d’amende, plus 10 000 F. de dommages-intérêts à verser à chacun des experts. — Début d’une série d’articles de Jaurès dans La Petite République (intitulés « Les Preuves »).

11   août : Arrivée de Jeanne Rozerot et des enfants à « Penn ». Ils resteront en Angleterre jusqu’au 15 octobre.

12    août : Cédant à la requête du procureur Feuilloley, la chambre des mises en accusation rend un arrêt de non-lieu en faveur d’Esterhazy, qui est remis en liberté.

13   août : En examinant le dossier secret, le capitaine Cuignet, attaché au cabinet de Cavaignac, découvre le « faux Henry ».

25  août : Le juge Albert Fabre (chargé de l’instruction ouverte par la plainte de Cavaignac) renvoie Picquart et Leblois devant le tribunal correctionnel.

27 août : Installation de Zola à « Summerfield » (Addlestone). — Le Conseil d’enquête chargé de statuer sur les accusations portées contre Esterhazy émet un avis favorable à sa mise en réforme.

30   août : Le colonel Henry avoue son faux à Cavaignac ; il est arrêté et conduit au Mont-Valérien. Le général de Boisdeffre demande à être relevé de ses fonctions.

31   août : Suicide d’Henry dans sa cellule du Mont-Valérien. 3 septembre : Cavaignac démissionne du gouvernement. 4 septembre : Esterhazy quitte la France.

5 septembre : Le général Zurlinden devient ministre de la Guerre.

17 septembre : Démission de Zurlinden. Le général Chanoine lui succède.

20    septembre : Zurlinden (réintégré dans ses anciennes fonctions de gouverneur militaire de Paris) donne l’ordre d’informer contre Picquart.

21   septembre : Picquart et Leblois devant la 8è Chambre correctionnelle : le procès est renvoyé.

22   septembre : Picquart est écroué à la prison du Cherche-Midi.

23    septembre : A la requête des trois experts, des saisies par huissier de justice ont lieu au domicile de Zola, à Paris. Une nouvelle saisie sera effectuée le 29 septembre.

10   octobre : Installation de Zola au Bailey’s Hotel (Kensington, Londres).

11   octobre : Vente-saisie, rue de Bruxelles. Une table est achetée 32 000 F. par Eugène Fasquelle, ce qui arrête la procédure.

15 octobre : Zola s’installe au Queen’s Hotel (à Upper Norwood, dans la banlieue de Londres).

25 octobre : Chute du cabinet Brisson. — Arrivée d’Alexandrine à Norwood : elle restera jusqu’au 5 décembre.

27 octobre : La chambre criminelle de la Cour de cassation commence l’examen de la demande en révision.

29 octobre : Elle déclare la demande recevable, et décide de procéder à une enquête.

31 octobre : Formation du cabinet Dupuy.

7 novembre : Dans un article écrit dans Le Siècle, Reinach accuse directement Henry de complicité avec Esterhazy ; il reprendra cette accusation dans le numéro du 6 décembre, en se mettant à la disposition de la justice et de la veuve d’Henry.

8  novembre : Début de l’enquête engagée par la chambre criminelle.

19 novembre : Parution du premier fascicule des Dessous de l’Affaire Dreyfus, par Esterhazy.

24   novembre : Picquart est renvoyé par Zurlinden devant le 2è Conseil de guerre de Paris.

25   novembre : Dans Le Siècle et dans L’Aurore, publication des premières listes de signatures concernant l’Hommage à Picquart.

14 décembre : La Libre Parole ouvre une souscription en faveur de la veuve du colonel Henry, Berthe Henry, pour lui permettre de poursuivre Reinach en justice. La souscription sera close le 15 janvier 1899.

22 décembre : Début du deuxième séjour d’Alexandrine à Norwood.

31 décembre : Appel en faveur de la fondation de la Ligue de la Patrie française.

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3 janvier : Georges Clemenceau rend visite aux Zola, à Norwood.

6 janvier : Le président de la chambre civile de la Cour de cassation, Jules Quesnay de Beaurepaire, qui a accusé la chambre  criminelle  de  partialité  envers Picquart, réclame  une enquête.

8 janvier : N’ayant pas reçu de réponse du premier président de la Cour, Charles Mazeau, il donne sa démission.

12  janvier : Le garde des Sceaux, Georges Lebret, charge Mazeau d’ouvrir à son tour une enquête sur les faits signalés par Quesnay de Beaurepaire.

19 janvier : Réunion constitutive de la Ligue de la patrie française.

21 janvier : Nouvelle vente-saisie, au domicile de Zola, à Paris. Eugène Fasquelle rachète 2500 F. une glace et une table.

27 janvier : Procès entre Reinach et Berthe Henry, devant la cour d’assises ; Labori, qui défend Reinach, se pourvoit en cassation.

30 janvier : Lebret soumet à la Chambre des députés un projet de loi attribuant aux trois chambres réunies de la Cour de cassation le pouvoir de décision sur toute affaire de révision (loi dite de « dessaisissement »).

9  février : La chambre criminelle clôt son enquête sur la révision.

10   février : La Chambre des députés votre le projet de loi déposé par Lebret.

16 février : Mort de Félix Faure, qui était un adversaire déterminé de la révision.

18 février : Emile Loubet est élu président de la République.

23 février : Funérailles de Félix Faure. Une tentative de soulèvement nationaliste, suscitée par Déroulède, échoue.

27 février : Alexandrine quitte Norwood et rentre à Paris.

1er mars : Le Sénat votre la « loi de dessaisissement », qui est promulguée le même jour.

10 mars : Jaurès rend visite à Zola, à Norwood.

21 mars : Première séance plénière de la Cour de cassation, toutes chambres réunies, sous la présidence de Charles Mazeau. Ce dernier a désigné comme rapporteur Alexis Ballot-Beaupré, le successeur de Quesnay de Beaurepaire à la présidence de la chambre civile.

27-28 mars : Visite de Labori à Norwood.

29 mars : Arrivée en Angleterre de Jeanne et des enfants, venus passer les vacances de Pâques : pendant cette période, Zola s’installe avec eux au Crystal Palace Royal Hotel.

31 mars : Le Figaro commence la publication du procès-verbal de l’enquête réalisée par la chambre criminelle.

8 avril : A Londres, entretien entre Zola et le sénateur Ludovic Trarieux.

24 avril : Début des auditions de la Cour de cassation : comparution du capitaine Freystaetter (l’un des sept juges militaires du procès de décembre 1894), qui, depuis le suicide d’Henry, est persuadé de l’innocence de Dreyfus.

29 avril : Dernière audition de la Cour de cassation, qui entend Cuignet et Du Paty de Clam.

15   mai : Début du feuilleton de Fécondité dans L’Aurore.

16   mai : Nouvelle visite de Clemenceau à Zola.

29 mai : La Cour de cassation se réunit pour écouter le rapport de Ballot-Beaupré.

1er juin : Du Paty de Clam est arrêté.

3 juin : La Cour de cassation annule le jugement de 1894. Dreyfus est renvoyé devant un nouveau Conseil de guerre.

5 juin : Dreyfus est informé de l’arrêt de révision. — Zola arrive en France ; on lui apporte chez lui, rue de Bruxelles, la signification de l’arrêt prononcé à Versailles, le 18 juillet. Son article, « Justice », paraît dans L’Aurore.

9 juin : Zola fait opposition à l’arrêt de Versailles. — Picquart sort de prison. Dreyfus quitte l’île du Diable, à bord du croiseur Sfax.

12 juin : Chute du ministère Dupuy.

22 juin : Formation du ministère Waldeck-Rousseau, dit « de défense républicaine ». Le portefeuille de la Guerre est confié au général de Galliffet : celui-ci a pour charge de faire accepter la révision à l’armée.

1er juillet : Dreyfus, arrivé en France, est enfermé dans la prison militaire de Rennes.

18 juillet : Le Matin publie un long récit d’Esterhazy, dans lequel celui-ci s’explique sur son rôle dans l’Affaire : il reconnaît être l’auteur du bordereau, mais dit l’avoir écrit « sous la dictée », en obéissant à l’ordre de ses chefs.

7 août : Ouverture du procès d’Alfred Dreyfus devant le Conseil de guerre de Rennes. L’accusé est défendu par Edgar Demange et Fernand Labori.

12 août : Déposition du général Mercier. — A Paris, la police arrête de nombreuses personnalités royalistes et nationalistes, dont Paul Déroulède. Jules Guérin, le directeur du journal L’Antijuif, se barricade rue de Chabrol, au siège du Grand-Occident de France (épisode du « fort Chabrol »).

14 août : A Rennes, tentative d’assassinat contre Labori.

31 août : Zola apprend qu’il est cité à Versailles le 23 novembre.

8  septembre : Plaidoirie d’Edgar Demange (Labori a renoncé à parler).

9    septembre : Conclusion du procès de Rennes (25è audience). Dreyfus est à nouveau déclaré coupable, mais on lui reconnaît des « circonstances atténuantes ».

12 septembre : Zola publie « Le cinquième acte », dans L’Aurore.

19 septembre : Dreyfus est gracié par le Président de la République, Emile Loubet. — Mort de Scheurer-Kestner.

21   septembre : Le général de Galliffet adresse à l’armée un ordre du jour dans lequel il déclare : « L’incident est clos ».

22   septembre : Zola publie sa « Lettre à Madame Alfred Dreyfus », dans L’Aurore.

4 octobre : Fin du feuilleton de Fécondité dans L’Aurore : le roman paraîtra en librairie le 12 octobre (éd. Fasquelle).

23 novembre : Le procès de Versailles est remis à une date indéterminée.

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1er mars 1900 : Le Sénat est saisi d’un projet de loi d’amnistie concernant tous les faits relatifs à l’Affaire.

14 mars 1900 : Zola est entendu par la Commission du Sénat, dans le cadre du débat sur la loi d’amnistie.

29 mai 1900 : Zola publie sa « Lettre au Sénat », dans L’Aurore.

18 décembre 1900 : Après plusieurs mois de discussions, la Chambre des députés vote la loi d’amnistie.

22 décembre 1900 : Zola publie une lettre ouverte au Président de la République, Emile Loubet, dans L’Aurore.

24 décembre 1900 : Le Sénat vote la loi d’amnistie.

1er février 1901 : Zola fait paraître La Vérité en marche, recueil de ses articles écrits pendant l’affaire Dreyfus.

29 septembre 1902 : Mort d’Emile Zola, dans son domicile parisien de la rue de Bruxelles.

5 octobre 1902 : Funérailles d’Emile Zola, au cimetière Montmartre. Discours d’Anatole France : « Envions-le, sa destinée et son coeur lui firent le sort le plus grand : il fut un moment de la conscience humaine. »

26 novembre 1903 : Alfred Dreyfus écrit au garde des Sceaux pour demander la révision du procès de Rennes.

5 mars 1904 : La chambre criminelle de la Cour de cassation déclare acceptable sa demande, et ordonne une enquête.

19 novembre 1904 : Fin de l’enquête de la chambre criminelle.

12   juillet 1906 : La Cour de cassation, toutes chambres réunies, annule le jugement du Conseil de guerre de Rennes, et affirme que la condamnation portée contre Alfred Dreyfus a  été prononcée « à tort ».

13   juillet 1906 : La Chambre vote une loi réintégrant Dreyfus dans l’armée (avec le grade de chef de bataillon) ainsi que Picquart (avec le grade de général de brigade). Le même jour, elle adopte un autre projet de loi demandant le transfert des cendres de Zola au Panthéon.

21 juillet 1906 : Alfred Dreyfus est fait chevalier de la Légion d’honneur.

25 octobre 1906 : Clemenceau devient Président du Conseil. Il appelle Picquart au ministère de la Guerre.

4 juin 1908 : Cérémonie officielle marquant le transfert des cendres de Zola au Panthéon. Un journaliste du nom de Louis Grégori tire deux coups de feu sur Alfred Dreyfus, qui est blessé au bras.