Histoire de la maison

La formation de la propriété

Mai 1878. Après avoir séjourné au bord de la mer en 1875, 1876 et 1877, Zola décide de louer, pour l’été de 1878, une maison aux environs de Paris : l’Exposition universelle va ouvrir ses portes le 1er mai, et il ne veut pas trop s’éloigner de la capi­tale. Le 9 mai, son ami le peintre Antoine Guillemet lui conseille de visiter la région de Triel-sur-Seine. Plus tard, Zola dira au journaliste Maurice Guillemot : « Nous cherchâmes de ce côté de Paris, à Triel ; en déjeunant là, à l’hôtel de la Marine, je vis ces coteaux avec ces petits villages, je demandai les noms : « Oh ! il n’y a rien, c’est Villennes, c’est Médan. » Sans me fier à cette appréciation, je louai une voiture et voulus me rendre compte : c’était gentil, bien campagne, et justement, un écriteau sur une maison de paysan, À VENDRE. Une vieille femme nous montre, oh ! tout petit, trois fenêtres et un bout de jardin avec des remblais bouchant une ancienne carrière ; nous avions l’intention de louer seulement, elle refusa, alors on marchanda ; elle demandait 10 000, je l’eus pour 9. » (M. Guillemot, Villégiatures d’artistes, 1897, p. 87-88). La maison appartient à Marie Julie Hamelin, veuve de Nicolas Voyer. Elle se trouve sur la route de Meulan, tout près du chemin de fer et à 150 mètres de la Seine.

28 mai 1878. Signature de l’acte de vente. L’acte notarié décrit ainsi la maison, qui date des années 1830 : « Monsieur Émile Zola, homme de lettres, achète à Madame Marie Julie Hamelin demeurant à Médan, canton de Poissy, veuve de Monsieur Nicolas Voyer, une mai­son située à Médan, lieu dit « Les Prés » entre cour et jardin, élevée sur cave et cellier d’un rez-de-chaussée au niveau du sol de la cour formant premier étage sur le derrière dans le jardin, d’un premier étage formant second étage sur le jardin, grenier avec chambre mansardée au-dessus couvert en ardoises. Le rez-de-chaussée com­prend vestibule, cuisine et salle à manger. Le premier étage est distribué en deux chambres et deux cabinets. » (J.-C. Le Blond-Zola, Zola à Médan, 1999, p. 15-16). Zola fait faire tout de suite des réparations, les planchers étant en très mauvais état, et s’installe dans sa nouvelle maison le 4 juillet.

9 août 1878. Zola écrit à Flaubert : « J’ai acheté une maison, une cabane à lapins, entre Poissy et Triel, dans un trou charmant, au bord de la Seine ; neuf mille francs, je vous dis le prix pour que vous n’ayez pas trop de respect. La littérature a payé ce modeste asile champêtre, qui a le mérite d’être loin de toute station et de ne pas compter un seul bourgeois dans son voisinage. Je suis seul, absolument seul ; depuis un mois, je n’ai pas vu une face humaine. »

Octobre 1878. Début de la construction de la tour nord, de forme carrée, au som­met de laquelle se trouvera le cabinet de travail de l’écrivain, et que l’on appellera, plus tard, la « tour Nana ». Il est lui-même l’architecte, et confie les travaux au maçon Alphonse Burneron (1823-1904), qui est un habitant de Médan. L’examen des devis est assuré par le « métreur-vérificateur » Émile Brunau.

10 octobre 1878. Premier agrandissement de la propriété. Zola achète pour 400 francs à Adolphe Rivierre, cultivateur à Médan, une pièce de terre de 400 m2 qui est attenante à son jardin.

15 février 1879. Zola achète pour 1 200 francs une cheminée de pierre, style Renaissance à cariatides. C’est la cheminée du cabinet de travail, sur la hotte de laquelle il fera peindre la devise : « Nulla dies sine linea ». Paul Alexis décrira ainsi la pièce : « Tout est immense. Un atelier de peintre d’histoire pour les dimensions. Cinq mètres cinquante de hauteur, sur neuf mètres de largeur et dix de profondeur. Une cheminée colossale, où un arbre rôtirait un mouton entier. Au fond, une sorte d’alcôve, grande à elle seule comme une de nos petites chambres parisiennes, com­plètement occupée par un divan unique où dix dormeurs seraient à l’aise. Au milieu, une très grande table. Enfin, en face de la table, une large baie vitrée ouvrant une trouée sur la Seine. Je ne parle pas d’une sorte de tribune, élevée au-dessus de l’alcôve au divan, à laquelle on parvient par un escalier tournant : c’est la bibli­othèque. Le même escalier mène sur une terrasse carrée, occupant toute la toiture de la nouvelle construction, qui se voit de loin dans la campagne, et d’où le pano­rama est admirable. » (Notes d’un ami, 1882, p. 188)

Juin 1879. Zola fait exécuter par le peintre-verrier Henri Baboneau un vitrail représentant Mes-Bottes, personnage de L’Assommoir que l’acteur Joseph Dailly a rendu célèbre en incarnant le rôle dans la pièce tirée du roman. Le vitrail sera placé dans la porte d’entrée de la nouvelle cuisine, au rez-de-chaussée de la tour. C’est Baboneau également qui place dans le cabinet de travail des vitraux provenant de l’église de Malestroit, en Bretagne.

5 septembre 1879. Zola écrit à Numa Coste : « Je me débarrasse petit à petit des ouvriers. Il n’y a plus que les peintres et les tapissiers. Tout, en somme, a bien mar­ché » (Correspondance d’Emile Zola, Presses de l’Université de Montréal et Editions du CNRS, t. III, n° 273). Pour chauffer la maison, il a fait installer un calorifère.

19 novembre 1879. Acquisition de la tenture en cuir de Cordoue pour la salle à manger, qui se trouve également au rez-de-chaussée de la tour : 1 177,80 francs.

Agrandissements et aménagements

Mai-novembre 1880. Zola multiplie les achats de terrains autour de sa propriété. Le 26 juin, il commence l’acquisition de l’île du Platais, située en face de sa mai­son, sur le territoire de Triel-sur-Seine : il achète à Vincent Rivierre un terrain de 57 acres.

Août 1880. « Paul est toujours avec moi. Il travaille beaucoup », écrit Zola à Antoine Guillemet (Corr., t. IV, n° 15). Il s’agit de Cézanne, qui aime s’installer dans l’île du Platais pour saisir les paysages qui bordent la Seine. Il y peindra notamment le Château de Médan (Art Gallery, Glasgow).

27 septembre 1880. Cérémonie d’inauguration pour la construc­tion d’un chalet sur l’île du Platais. Selon Henry Céard, il s’agit d’un « kiosque norvégien acheté lors de la démolition de l’Exposition de 187[8] et transporté à grands frais jusqu’en Seine-et-Oise » (P. Cogny, Huysmans intime, 1957, p. 226).

19 juin 1881. Zola écrit à Émile Brunau qu’il va faire construire un pavillon, dont il souhaite lui confier la vérification. Il s’agit du « pavillon Charpentier », construit à côté de la tour carrée pour accueillir les amis qui séjournent à Médan.

Avril-septembre 1881. Nouveaux achats de terrains. Zola possède désormais un espace assez vaste pour y dessiner le parc dont il rêve. Le 27 septembre, il acquiert une dernière parcelle dans l’île. Edmond de Goncourt décrit ainsi l’une de ses visites à Médan : « Aujourd’hui, le ménage Daudet, le ménage Charpentier et moi, nous allons passer la journée chez Zola à Médan […]. C’est fou, absurde, déraisonnable, cette propriété qui lui coûte maintenant plus de 200 000 francs […]. Le cabinet de travail est, par exemple, très bien. Il a la hauteur, la grandeur, mais est très abîmé par une bibeloterie infecte. Des hommes d’armes, toute une défroque romantique, au milieu de laquelle se lit sur la cheminée la devise de Balzac : Nulla dies sine linea, et l’on voit dans un coin un orgue-mélodium avec voix d’anges, dont l’auteur de L’Assom­moir tire des accords à la tombée de la nuit. Quant au jardin, ce sont deux petites et étroites bandes de terrain, dont l’une est de dix pieds en contrebas de l’autre, et cela se prolonge dans les champs, coupés par le chemin de fer, par des bouts de terrain qui, à ce qui paraît, lui appartiennent, et au-delà de la rivière, par encore cin­quante arpents dans une île. On déjeune gaîment et l’on va, après déjeuner, dans l’île, où il fait bâtir un chalet, auquel travaillent encore les peintres et qui contient une grande pièce tout en sapin, au monumental poêle en faïence d’une belle simplicité et d’un grand goût. » (Journal, 20 juin 1881, t. II, p. 898). — En dépit de ce qu’affirme ici Goncourt, il ne semble pas que la célèbre devise ins­crite sur la cheminée provienne de Balzac. Le Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse, en tout cas, lui donne comme origine une remarque de Pline commentant l’œuvre du peintre Apelle.

1882-1883. Construction de la ferme et des bâtiments qui l’entourent. Le 24 sep­tembre 1882, Zola répond à Paul Alexis, qui lui a envoyé un plant de cassis : « La serre n’est malheureusement pas couverte encore, car les ouvriers continuent à me manquer de parole » (Corr., t. IV, n° 248). Racontant, dans le Gil Blas du 19 juin 1883, une promenade en barque de Paris à Rouen, Guy de Maupassant écrit : « Nous descendons pour saluer Zola. Il nous apparaît au milieu d’un peuple de maçons et de jardiniers dirigeant l’installation de sa basse-cour. Il est gai, heureux de voir pousser ses arbres. »

Automne 1885-printemps 1886. Construction de la tour sud, dite « tour Ger­minal », de forme hexagonale. Au rez-de-chaussée sera aménagée la nouvelle « salle de billard », destinée à devenir le véritable centre du foyer, tandis qu’au premier étage se trouvera une lingerie tapissée en sapin de Norvège, ainsi que des chambres de domestiques. Les travaux sont réalisés par Théophile Burneron, le fils d’Alphonse Burneron.

Mars 1886. Henri Baboneau commence à dessiner, en suivant fidèlement les pres­criptions de Zola, les quatre grands vitraux qui ornent toujours la salle de billard : décorés de paons, d’oiseaux aquatiques et de fleurs, ils annoncent déjà l’Art nouveau.

29 avril 1886.Achèvement du plancher de mosaïque de la salle de billard. Le réalisateur, Giuseppe Facchina, présente à Zola une facture de 2 050 francs.

Mai 1886.Zola s’occupe de la mise en place d’un éclairage au gaz, dont le procédé est tout récent, et demande des conseils à son ami l’architecte Frantz Jourdain.

Juin-juillet 1886.Décoration de la salle de billard. Le 16 juin, Zola demande à Henry Céard de l’aider dans sa recherche de motifs décoratifs pour le plafond à poutres apparentes, en lui fournissant les armoiries des seigneurs de Médan, ainsi que celles de Dourdan, patrie de sa mère. Le même jour, il demande à son correspondant italien Felice Cameroni de lui envoyer un croquis des armoiries de Venise. À la mi-juillet, Henri Baboneau installe ses vitraux.

Novembre 1886. Fin de l’aménagement de la tour hexagonale. Le 4 novembre, Zola annonce à Céard : « Nous nous débarrassons de nos derniers ouvriers » (Corr., t. V, n° 401). Ainsi, à la fin de 1886, la maison de Médan présente-t-elle, à peu de chose près, l’aspect qu’elle offre au visiteur actuel : à droite de la façade, la tour « Ger­minal » équilibre la tour carrée : le parc, soigneusement planté d’arbres et de fleurs, s’étend par derrière ; à l’extrémité nord, la ferme avec ses animaux et ses potagers com­plète le microcosme naturel que Zola a voulu construire autour de lui. Deux trouées ouvrent ce monde clos sur l’extérieur : la Seine, qui longe la propriété, et, en plein milieu, dissimulée dans un creux, la ligne du chemin de fer, de Paris au Havre

Avril 1888. La salle de billard s’orne d’une panoplie d’instruments de musique. Zola demande à Numa Coste de lui procurer un tambourin : « Je le préférerais ancien : il y en a du XVIIIe siècle, avec de fines sculptures et une patine très belle » (Corr., t. VI, n° 231). C’est à cette époque également qu’il achète pour son cabinet de travail des vitraux qui proviennent de l’abbaye de Malestroit (Morbihan).


Décembre 1894. Zola rapporte de son voyage en Italie une fontaine sarcophage qui ornera le jardin, devant le pavillon Charpentier (M. Guillemot, Villégiatures d’artistes, 1897, p. 95). Plusieurs des photos de cette époque le montrent avec ses amis devant cette fontaine.

Printemps 1895. Vers cette époque, Zola aménage à Médan un laboratoire de développement photographique qui est installé, ainsi que le rapporte Albert Laborde, « dans le sous-sol de l’antichambre de la salle de billard » (Trente-huit années près de Zola, 1963, p. 114-116).

L’évolution de la propriété après la mort de Zola

Printemps 1903. Alors que l’on vient de disperser à Drouot le mobilier qui se trouvait rue de Bruxelles, Alexandrine Zola s’efforce d’alléger ses charges financières en vendant une partie de la propriété de Médan : elle cède les terrains situés au-delà de la ligne du chemin de fer ainsi que l’île. La propriété de l’île est achetée par le libraire parisien Belin.

29 septembre 1903. Premier pèlerinage de Médan.

27 février 1905. Alexandrine Zola fait donation à l’Assistance publique de la pro­priété de Médan, qui possède alors une superficie d’environ un hectare. Elle exprime le désir que « le corps de bâtiment principal soit conservé dans son état actuel, dans la mesure du possible ». Selon l’article 4 de l’acte de donation, « l’Assistance publique permettra le libre accès de la propriété dans la plus large mesure compatible avec l’ordre et la bonne tenue de l’établissement à toutes les personnes qui se présenteront, soit isolément, soit en groupe pour visiter la maison de campagne en souvenir d’Émile Zola, et pour honorer la mémoire de l’illustre écrivain ».

1er octobre 1905. Inauguration de la « Fondation Zola » par Gustave Mesureur, directeur de l’Assistance publique. Ce dernier rend hommage à la générosité d’Alexandrine. Il déclare : « Nous fonderons à Médan une œuvre de solidarité sociale en faveur des plus humbles et des plus pauvres, et nous le conserverons dans sa physionomie actuelle pour que tous ceux qui aimèrent Zola, tous ceux qui plus tard l’aimeront dans ses œuvres, puissent retrouver les lieux qui lui furent familiers. Nous mettrons Médan a l’abri des profanations bourgeoises auxquelles l’aurait expose une aliénation, nous ne laisserons pas défigurer ce domaine où tant de chefs-d’œuvre sont éclos, ou l’âme des choses garde l’empreinte du génie. Cet engagement je le prends aisément pour moi, mais je puis pour l’avenir le prendre aussi au nom de l’Assistance publique de Paris qui a toujours scrupuleusement respecté la volonté de ses donateurs. » Le Siècle, 2 octobre 1905). — La direction médicale de la Fondation est confiée au Dr Méry. Médan abritera désormais une « pouponnière » pour enfants malades. Quelques mois auparavant, en juin, Alexandrine avait vendu par l’intermédiaire d’un notaire de Poissy les meubles de la maison et les ustensiles de la ferme (Denise Le Blond, Émile Zola raconté par sa fille, 1931, p. 133). Des travaux d’aménagement sont réalisés par l’Assistance publique : un escalier central est construit, détruisant certaines pièces du rez-de-chaus­sée et du premier étage. Le « pavillon Charpentier » devient un lazaret.

Été 1935. Démolition du chalet de l’île : le terrain a été vendu par ses propriétaires à une société qui y installe un établissement balnéaire. La presse s’émeut de cette des­truction, et l’on parle alors de la nécessité d’un musée Zola : la Société littéraire des Amis de Zola rappelle que ce musée doit exister dans la maison même de Médan.

1er juin 1939. Fondation d’une « Association du musée Zola », à l’instigation de Denise Le Blond-Zola. L’Association se propose, en accord avec le directeur de l’Assistance publique, Serge Gas, de créer « le véritable musée du Naturalisme », mais la guerre de 1939-1945 ne permet pas que le projet aboutisse.

1967. Les petits malades de l’Assistance publique ayant été installés dans d’autres locaux (il y avait alors à Médan une cinquantaine de lits), la maison est fermée, et elle restera sans chauffage pendant plusieurs hivers, jusqu’en 1973.

14 avril 1973. L’hôpital de Poissy installe à Médan une école de cadres d’infirmières.

1978-1983. L’école installée par l’hôpital de Poissy cède place au Syndicat inter­hospitalier régional de l’Ile-de-France, organisme de formation permanente. En 1982, la Direction régionale des Affaires culturelles d’Ile-de-France (DRAC), demande à la Société littéraire des Amis d’Émile Zola un « projet muséographique », qui est rédigé par Alain Pagès. En 1983, des travaux de ravalement peuvent être conduits, grâce au concours de la DRAC, du département des Yvelines et de l’Assistance publique. La maison est inscrite à l’Inventaire supplémentaire des monu­ments historiques.

Septembre 1984. Création de « l’Association du Musée Émile-Zola ».

Octobre 1985. Inauguration du « Musée Émile-Zola » par « l’Association du Musée Émile-Zola ».

16 février 1998. Création de « l’Association pour le Rayonnement de l’Œuvre d’Émile Zola » (AROEZ), présidée par Pierre Bergé. En collaboration avec « l’Association du Musée Émile-Zola » qui continue à exister, l’AROEZ a désormais pour tâche de gérer la maison. Elle se donne comme objectif d’entreprendre, sur une grande échelle, une restauration et un aménagement des lieux.

4 octobre 1998.La signature d’un bail emphytéotique entre l’AROEZ et l’Assis­tance publique permet le démarrage des premiers travaux de restauration.

2011-2016. D’importants travaux de restauration sont entrepris sous l’égide de l’association « Maison Zola – Musée Dreyfus », nouvelle association présidée par Pierre Bergé. Est lancé le projet d’un « Musée Dreyfus », consacré aux grands événements de l’affaire Dreyfus, qui devra être installé à côté de la maison de l’écrivain, dans les bâtiments du lazaret.

Maison de Médan

2 octobre 2016. Achèvement des travaux qui ont permis la restauration de la demeure de Médan. Cérémonie d’inauguration en présence du président de la République, François Hollande.

2016-2021. Une seconde phase de travaux s’engage afin de permettre la réalisation du « Musée Dreyfus ».

26 octobre 2021. Inauguration de la Maison de Zola et du Musée Dreyfus par le président de la République, Emmanuel Macron. Le Musée se veut ouvert à tous les publics : historiens ou spécialistes de l’affaire Dreyfus, mais aussi simples curieux, étudiants, élèves des lycées ou des collèges. Dans l’aménagement de l’espace muséographique, la perspective pédagogique occupe une place centrale.

Médan, aujourd’hui : la maison d’Émile Zola

1. La salle de billard

Les vitraux de Baboneau, traversés par la lumière du jour, attirent le regard dès l’entrée. Le plafond à poutres apparentes, imaginé sur le modèle de celui du château de Beauregard, est décoré de blasons qui rappellent la généalogie de Zola : on aperçoit notamment les armes de Paris, de Médan, de Venise, de Corfou, de Dourdan, d’Aix-en-Provence… Le sol est pavé d’une mosaïque aux motifs orientalistes, bordée d’un bandeau ceinturant la pièce. Au centre, une cheminée monumentale, avec sa taque de fonte sculptée de fleurs de lys. Parmi les meubles, certains sont d’origine, comme le bahut hollandais du XVIIIe siècle et la table marquetée qui se trouve tout près ; mais le billard a été acquis par l’Association du musée. Au mur, des gravures ou des photo­graphies évoquant Edmond de Goncourt, Alexandrine Zola, les auteurs des Soirées de Médan

2. La salle à manger

Son plafond est orné de fleurs de lys ; le décor mural se compose d’un lambris montant à mi-hauteur, surmonté d’un papier peint imitant le cuir de Cordoue. Des car­reaux de Delft forment l’encadrement. Les fenêtres sont garnies de vitraux d’origine médiévale, où revient le motif de la fleur de lys. Au centre, un table imposante, entou­rée de chaises. Dans une vitrine, une série de douze assiettes décorées évoque des scènes de L’Assommoir. À côté, la cuisine a conservé son revêtement de céramique ; la porte d’entrée a retrouvé son vitrail d’origine, représentant Mes-Bottes (d’après un dessin d’André Gill).

3. La chambre de Zola

Située au premier étage, elle a été restaurée en 1993, un sondage dans les murs ayant permis de retrouver les teintes d’origine (bois-de-rose et marron glacé). Au-des­sus de la cheminée, une fenêtre ouvre sur le jardin et l’allée de tilleuls : les conduits de fumée de la cheminée encadrent la fenêtre. Un immense tableau de famille représente François Zola, son épouse et leur fils Émile.

4. Le cabinet de travail

Situé au second étage, c’est la pièce la plus imposante de la maison. On remarque la cheminée encadrée de cariatides, sur laquelle est peinte la célèbre devise : nulla dies sine linea. Devant une alcôve éclairée par un vitrail, se trouve la première table de tra­vail de l’écrivain ; non loin, un grand fauteuil tapissé de cuir, décoré de la devise des Hautecœur, les personnages du Rêve (« Si Dieu veut je veux »). Parmi les éléments qui meublent la pièce : une Vénus accroupie (sculpture de Bosio), des caricatures, des édi­tions originales, des affiches, des objets ayant appartenu à Zola (un encrier, un porte-plume…). Sur la cheminée, est posée la pendule noire rendue fameuse par le tableau de Cézanne (Nature morte à la pendule noire, 1866). Au dessus de l’alcôve, en mezzanine, apparaît une bibliothèque vitrée. Les vitraux d’origine (jadis installés par Henri Baboneau) n’existent plus.

5. La lingerie

Située au dessus de la salle de billard, cette vaste pièce aux nombreux placards en sapin de Norvège était utilisée comme salon de couture. La présence de Jeanne Rozerot y est évoquée : un buste la représente et un haut-relief montre Denise et Jacques (sculptures d’Armand Bloch). On aperçoit du linge fin dans les placards, un métier à broder, un mannequin de couturière. Une grande table de coupe occupe le centre de la pièce. Un tableau représente Jeanne et ses enfants à la fenêtre de la villa de Cheverchemont.