Vibert (Georges)

 

Elève de l’Ecole des Beaux-arts, Jean-Georges Vibert, dont nous avons aujourd’hui oublié le nom et les œuvres, était l’un des plus célèbres représentants de la peinture de genre en 1875.

Artiste prolifique, il partageait avec Meissonnier et Gérome les faveurs d’un public bourgeois qui croyait découvrir le vertige de la pensée dans ses toiles lourdement anti-cléricales : La Cigale et la Fourmi, où le peintre voulait qu’on goûte la fine pointe de l’ironie, n’est qu’une parabole de pacotille. Le contraste appuyé entre le vert de la cigale-troubadour et le noir du moine-fourmi, le jeu d’échos « spirituel » entre le sac-à-dos débordant de victuailles et la panse rebondie, mais vide, du luth, sont à la hauteur de l’intelligence de tous les Homais de province, ils ne sont pas du goût de Zola qui s’indigne de ce que la fortune et les honneurs aillent de pair avec l’indigence de l’art :

 […] Vibert, un peintre supérieurement spirituel, dont les tableaux sont toujours désignés par un couplet ou un épigramme, a envoyé La Cigale et la Fourmi, fable dramatisée de La Fontaine.
Aux abords d’un village, sur une route couverte de neige, un gros moine à la besace pleine a rencontré un acrobate maigre qui n’a sous le bras qu’une guitare. On sourit et on passe outre. Tout de même ces tableaux se vendent dix et quinze mille francs. Certains, signés du nom de Gérome, vont jusqu’à vingt mille. Et dire que pendant sa vie les œuvres géniales de Delacroix trouvaient avec difficulté des acheteurs à quinze cents et quelques francs !

Emile Zola : Le Salon de 1875

 

 

 

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