Toulmouche (Auguste)

Auguste Toulmouche est né à Nantes en 1829 où il commence à étudier la peinture avec un ancien élève de Delaroche. Elève de Gleyre depuis 1846, il se lie d’amitié avec le peintre néo-grec Hamon en 1847 qui partage alos son atelier avec Gérome. Il expose pour la première fois au Salon de 1848 et obtient une médaille de troisième classe au Salon de 1852. En 1853, les l’impératrice Eugénie et la Princesse Mathilde achètent les deux toiles qu’il expose au Salon, respectivement Les Premiers pas de l’enfance et Après déjeuner. L’Exposition Universelle de 1855 consacre le succès de Toulmouche qui a deux tableaux, La Terrasse et La Leçon de lecture* d’inspiration, néo-grecque. Mais, dès le Salon de 1861, le peintre change de manière ; la figure de la femme bourgeoise, saisie dans son intimité telle que la fantasment les hommes du XIX° siècle, domine dans ses scènes de genre : jeune fille rêvant à la lecture d’un premier billet d’amour, mère attentive faisant réciter ses fables ou ses prières à son enfant, veillant sur son sommeil ou consolant ses chagrins, lectrice appliquée d’une eouvre au-dessus de son intelligence d’éternelle mineure ou gracieuse mondaine accueillant les visiteurs*… Ces oeuvres, comme celles de Gérome, sont régulièrement reproduites par Goupil mais elles sont également copiées par le peintre qui doit satisfaire une clientèle de plus en plus nombreuse à chaque Salon ! Désormais, le peintre marche d’un pas sûr vers la gloire : il obtiendra le grade de chevalier de la légion d’honneur en 1870. Il faudra attendre les années 80 et les premiers balbutiements de la victoire impressionniste pour que Toulmouche voie décliner sa renommée et sa fortune.

Curieusement, Toulmouche, peintre de la vie mondaine, est lié avec Monet : la tante de celui-ci, parente par alliance de Toulmouche, lui a confié son neveu,« racheté » après un an de service militaire en Algérie, en 1862. C’est Toulmouche qui oriente le jeune peintre vers son maître, Gleyre. Tout sépare néanmoins les deux peintres : à la différence d’un Gervex, Toulmouche ne renoncera jamais au réalisme photographique et aux poses emphatiques de ses modèles. Lorsqu’en 1874 il expose au Salon Le livre sérieux et La Réponse, Zola raille ces « délicieuses poupées » qui font partie des « œuvres les plus regardées » :

Je vous signalerai encore quelques œuvres qui me paraissent devoir être les succès du Salon. D’abord, les trois toiles de Carolus-Duran, un portrait charmant de sa fille, un portrait plus discutable de la comtesse de Pourtalès, et une grande femme nue, au milieu de feuillages trempés de vapeur, qu’il a intitulée : Dans la rosée. Ensuite, deux pendants de Duez, un peintre dont le nom va devenir populaire : une fille à cheveux rouges, superbe de crânerie, et une vieille chiffonnière, la hotte au dos ; le titre Splendeur et Misère suffit à faire comprendre l’antithèse. Puis je cite en tas le grand christ jaunâtre de Bonnat, les portraits élégants de Cabanel, les délicieuses poupées de Toulmouche, les figures charbonnées de Ribot, les saintetés au miel de Bouguereau, les très beaux panneaux décoratifs de Puvis de Chavannes, toutes les gloires plus ou moins solides qui font le plus bel ornement du Salon depuis des années.

Lettres de Paris – Le Salon de 1874

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