Comme nous le montrons dans ces deux vidéos (à afficher en plein écran), le japonisme, auquel Zola consacre un paragraphe du naturalisme au Salon de 1880, est l’une des sources méconnues des Rougon-Macquart :
Voilà donc ce qu’apportent les peintres impressionnistes : une recherche plus exacte des causes et des effets de la lumière, influant aussi bien sur le dessin que sur la couleur. On les a accusés avec raison de s’être inspirés des gravures japonaises, si intéressantes, qui sont aujourd’hui entre toutes les mains. Il faudrait ici étudier ces gravures et montrer ce que cet art si clair et si fin de l’Extrême-Orient nous a appris de choses, à nous, Occidentaux, dont l’antique civilisation artistique se pique de tout savoir. Il est certain que notre peinture noire, notre peinture d’école au bitume, est restée surprise et s’est remise à l’étude devant ces horizons limpides, ces belles taches vibrantes des aquarellistes japonais. Il y avait là une simplicité de moyens et une intensité d’effet qui ont frappé nos jeunes artistes et les ont poussés dans cette voie de peinture trempée d’air et de lumière, où s’engagent aujourd’hui tous les nouveaux venus de talent. Et je ne parle pas de l’art exquis des Japonais dans le détail, de leur dessin si vrai et si fin, de toute cette fantaisie naturaliste, qui procède de l’observation directe jusque dans ses écarts les plus étranges. J’ajouterai pourtant que, si l’influence du japonisme a été excellente pour nous tirer de la tradition du bitume et nous faire voir les gaietés blondes de la nature, une imitation voulue d’un art qui n’est ni de notre race ni de notre milieu, finirait par n’être plus qu’une mode insupportable. Le japonisme a du bon, mais il ne faut pas en mettre partout ; autrement, l’art tournerait au bibelot. Notre puissance n’est pas là. Nous ne pouvons accepter comme le dernier mot de notre création, cette simplification par trop naïve, cette curiosité des teintes plates, ce raffinement du trait et de la tache colorée. Tout cela ne fait pas de la vie, et nous devons faire de la vie.
Le Naturalisme au Salon, 1880
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