Degas (Edgar)

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C’est encore une page observée et très fine que celle d’Edgar Degas : Portrait de Mlle E. F… à propos du ballet de la Source. J’aurais préféré intituler ce tableau : Une halte au bord de l’eau. Trois femmes sont groupées sur une rive ; un cheval boit à côté d’elles. La robe du cheval est magnifique, et les toilettes des femmes sont traitées avec une grande délicatesse. Il y a des reflets exquis dans la rivière. En regardant cette peinture, qui est un peu mince et qui a des élégances étranges, je songeais à ces gravures japonaises, si artistiques, dans la simplicité de leurs tons ».

Mon Salon 1868

En 1874, à l’occasion de la première exposition impressionniste, Zola se contente d’indiquer des « Etudes de Danseusesde M. Degas », qui expose entre autres La répétition d’un Ballet sur la scène parmi « les toiles qui l’ont frappé ».

Lettres de Paris Le Salon de 1874

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M. Degas est un chercheur qui arrive parfois à un dessin très serré et très individuel. Ses Blanchisseuses, surtout, sont extraordinaires de vérité, non pas de vérité banale, mais de cette grande et belle vérité de l’art qui simplifie et élargit. Sa Salle de danse également, avec des élèves en jupes courtes qui essaient des pas, a un grand caractère d’originalité. Le peintre a un amour profond de la modernité, des intérieurs et des types de la vie de chaque jour. Le malheur est qu’il gâte tout en finissant. Ses meilleures choses sont des ébauches.

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Quand il achève, il peint mince et pauvre, il fait un tableau comme ses Portraits dans un bureau (Nouvelle-Orléans), qui tient de la gravure de mode et de l’image des journaux illustrés. Chez lui, l’esthétique est excellente, mais je crains bien que l’artiste n’ait jamais la main largement créatrice. »

Lettre de Paris Le Salon de 1876

Degas est un esprit chercheur, trouvant parfois des choses très justes et personnelles.

Ses Blanchisseuses sont surtout frappantes par leur vérité artistique : je parle non de la vérité banale, mais de cette grande et belle vérité de l’art qui simplifie et élargit tout. La Salle de danse, avec les élèves en jupes courtes exécutant leurs pas, se distingue aussi par une grande originalité. Ce peintre est très épris de modernité, de la vie d’intérieur et de ses types de tous les jours. L’ennui, c’est qu’il gâte tout lorsqu’il s’agit de mettre la dernière main à une œuvre. Ses meilleurs tableaux sont des esquisses. En parachevant, son dessin devient flou et lamentable ; il peint des tableaux comme ses Portraits dans un bureau (Nouvelle-Orléans), à mi-chemin entre une marine et le polytype d’un journal illustré. Ses aperçus artistiques sont excellents, mais j’ai peur que son pinceau ne devienne jamais créateur.

Lettres de Paris. Deux expositions d’art au mois de Mai Le Salon de 1876

Degas, Les figurants ou Choristes

Femmes à la terrasse d’un café, le soir

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Le café-concert des Ambassadeurs

En 1877, lors de la troisième exposition impressionniste, Degas expose trois ensemble de monotypes, malheureusement non identifiés dans le catalogue, ainsi qu’un certain nombre de pastels sur monotype : Les figurants ou Choristes ; Femmes à la terrasse d’un café, le soir ; Café-concert ; Le café-concert des Ambassadeurs ; Femme sortant du bain ; presque certainement Ballet, dit aussi L’étoile ; « un cabinet de toilette », « une femme prenant son tub le soir » qu’on pourrait respectivement reconnaître dans La toilette (Musée d’Orsay), diversement datée de 1879-1885 et Femme à sa toilette, généralement datée de 1885-1890. Zola consacre quelques lignes au peintre dans le compte-rendu qu’il fait de cette exposition en marge du Salon officiel :


La place va me manquer et il faut que je passe rapidement sur M. Degas dont les aquarelles sont si belles. Il a des danseuses prodigieuses, surprises dans leur élan, des cafés-concerts d’une vérité étonnante avec « divas » qui se penchent au-dessus de quinquets fumeux, la bouche ouverte. M. Degas est un dessinateur d’une précision admirable, et ses moindres figures prennent un relief saisissant. »

Notes parisiennes. Une exposition Les peintres impressionnistes le 19 avril 1877

En 1879, à l’occasion de la quatrième exposition impressionniste, avenue de l’Opéra, où figurait probabalement A La Bourse, Zola revient sur « Degas, qui représente avec une vérité si frappante les gens qu’il prend dans le monde contemporain ».

Dans Le Naturalisme au Salon, en 1880, Zola revient enfin sur les raisons pour lesquelles Degas a choisi de participer aux expositions indépendantes du Salon officiel :

[Degas fait partie des artistes qui] étaient bien reçus chaque année, mais [qui] se sentaient si peu regardés, qu’ils voulaient être chez eux pour s’accrocher eux-mêmes en belle place et triompher tout seuls. […] En somme, M. Degas seul a tiré un véritable profit des expositions particulières des impressionnistes ; et il faut en chercher la raison dans le talent même de ce peintre. M. Degas n’a jamais été un persécuté, aux Salons officiels. On le recevait, on le mettait relativement en belle place. Seulement, comme il est de tempérament artistique délicat, comme il ne s’impose point par une grande puissance, la foule passait devant ses tableaux sans les voir. De là une irritation fort légitime chez l’artiste, qui a compris combien il bénéficierait des avantages d’une petite chapelle où ses œuvres si fouillées et si fines pourraient être vues et étudiées à part. En effet, dès qu’il n’a plus été perdu dans la cohue du Salon, tout le monde l’a connu ; un cercle d’admirateurs fervents s’est formé autour de lui. Ajoutez que les œuvres un peu bâclées des autres impressionnistes faisaient ressortir le fini précieux des siennes. Puis, il pouvait exposer des esquisses, des bouts d’étude, de simples traits où il excelle, et qu’on ne lui aurait pas reçus au Salon. Aussi M. Degas a-t-il raison de s’en tenir aux expositions des impressionnistes et de ne pas rentrer dans ce grand bazar du palais de l’Industrie, dont le tohu-bohu ne lui vaut rien. […] »

 » […] je ne puis étudier ici chaque peintre impressionniste de talent. Il en est, comme M. Degas, qui se sont enfermés dans des spécialités. Lui est surtout un dessinateur minutieux et original à la fois, qui a produit des séries très remarquables de blanchisseuses, de danseuses, de femmes à leur toilette, dont il a dessiné les mouvements avec une vérité pleine de finesse. »

Le Naturalisme au Salon 1880

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