Couture (Thomas)

En arrivant à Paris, Edouard Manet entra comme élève à l’atelier de Thomas Couture et y resta pendant près de six ans, les bras liés par les préceptes et les conseils, pataugeant en pleine médiocrité, ne sachant pas trouver sa voie. Il y avait en lui un tempérament particulier qui ne put se plier à ces premières leçons, et l’influence de cette éducation artistique contraire à sa nature agit sur ses travaux même après sa sortie de l’atelier du maître : pendant trois années, il se débattit dans son ombre, il travailla sans trop savoir ce qu’il voyait ni ce qu’il voulait. Ce fut en 1860 seulement qu’il peignit Le Buveur d’absinthe, une toile où l’on trouve encore une vague impression des œuvres de Thomas Couture, mais qui contient déjà en germe la manière personnelle de l’artiste.


[…] Il me plaît à considérer l’apprentissage long et pénible d’Edouard Manet comme un symptôme d’originalité. La liste serait longue, si je nommais ici tous ceux que leurs maîtres ont découragés et qui sont devenus ensuite des hommes de premier mérite. « Vous ne ferez jamais rien », dit le magister, cet cela signifie sans doute : « Hors de moi, pas de salut, et vous n’êtes pas moi ». Heureux ceux que les maîtres ne reconnaissent pas pour leurs enfants ! ils sont d’une race à part, ils apportent chacun leur mot dans la grande phrase que l’humanité écrit et qui ne sera jamais complète ; ils ont pour destinées d’être des maîtres à leur tour, des égoïstes, des personnalités nettes et tranchées.

Edouard Manet, Etude biographique et critique 1867

 

 

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