MON SALON (1866) : LE JURY (2)

L’Evénement, le 30 avril 1866

 

Le Jury (2)

 

De tous côtés on me somme de m’expliquer, on me demande avec instance de citer les noms des artistes de mérite qui ont été refusés par le jury.
Le public sera donc toujours le bon public. Il est évident que les artistes mis à la porte du Salon ne sont encore que les peintres célèbres de demain, et je ne pourrais donner ici que des noms inconnus de mes lecteurs. Je me plains justement de ces étranges jugements qui condamnent à l’obscurité, pendant de longues années, des garçons sérieux ayant le seul tort de ne pas penser comme leurs confrères. Il faut se dire que toutes les personnalités, Delacroix et les autres, nous ont été longtemps cachées par les décisions de certaines coteries. Je ne voudrais pas que cela se renouvelât, et j’écris justement ces articles pour exiger que les artistes qui seront à coup sûr les maîtres de demain ne soient pas les persécutés d’aujourd’hui.
J’affirme carrément que le jury qui a fonctionné cette année a jugé d’après un parti pris. Tout un côté de l’art français, à notre époque, nous a été volontairement voilé. J’ai nommé MM. Manet* et Brigot, car ceux-là sont déjà connus ; je pourrais en citer vingt autres appartenant au même mouvement artistique. C’est dire que le jury n’a pas voulu des toiles fortes et vivantes, des études faites en pleine vie et en pleine réalité.
Je sais bien que les rieurs ne vont pas être de mon côté. On aime beaucoup à rire en France, et je vous jure que je vais rire encore plus fort que les autres. Rira bien qui rira le dernier.
Eh oui ! je me constitue le défenseur de la réalité. J’avoue tranquillement que je vais admirer M. Manet, je déclare que je fais peu de cas de toute la poudre de riz de M. Cabanel et que je préfère les senteurs âpres et saines de la nature vraie. D’ailleurs, chacun de mes jugements viendra en son temps. Je me contente de constater ici, et personne n’osera me démentir, que le mouvement qu’on a désigné sous le nom de réalisme ne sera pas représenté au Salon.
Je sais bien qu’il y aura Courbet. Mais Courbet, paraît-il, a passé à l’ennemi. On serait allé chez lui en ambassade, car le maître d’Ornans est un terrible tapageur qu’on craint d’offenser, et on lui aurait offert des titres et des honneurs s’il voulait bien renier ses disciples. On parle de la grande médaille ou même de la croix. Le lendemain, Courbet se rendait chez M. Brigot, son élève, et lui déclarait vertement qu’« il n’avait pas la philosophie de sa peinture « . La philosophie de la peinture de Courbet ! Ô pauvre cher maître, le livre de Proudhon vous a donné une indigestion de démocratie. Par grâce, restez le premier peintre de l’époque, ne devenez ni moraliste ni socialiste.
D’ailleurs, qu’importent aujourd’hui mes sympathies ! Moi, public, je me plains d’être lésé dans ma liberté d’opinion ; moi, public, je suis irrité de ce qu’on ne me donne pas dans son entier le moment artistique ; moi, public, j’exige qu’on ne me cache rien, j’intente justement et légalement un procès aux artistes qui, avec parti pris, ont chassé du Salon tout un groupe de leurs confrères.
Toute assemblée, toute réunion d’hommes nommée dans le but de prendre des décisions quelconques, n’est pas une machine simple, ne tournant que dans un sens et n’obéissant qu’à un seul ressort. Il y a une étude délicate à faire pour expliquer chaque mouvement, chaque tour de roue. Le vulgaire ne voit qu’un simple résultat obtenu ; l’observateur aperçoit les tiraillements, les soubresauts qui secouent la machine.
Je vais essayer de démonter pièce à pièce le jury, d’en expliquer le mécanisme, de faire bien comprendre le jeu de ses ressorts. Puisque le Salon est son œuvre, ai-je dit, il est nécessaire de connaître, dans chacune de ses parties, cet auteur impersonnel et multiple.

Le jury est composé de vingt-huit membres, dont voici la liste par ordre de votes : membres nommés par les artistes médaillés : MM.Gérome, Cabanel, Pils, Bida, Meissonnier, Gleyre, Français, Fromentin, Corot, Robert Fleury, Breton,Hébert, Dauzats, Brion, Daubigny, Barrias, Dubufe, Baudry ; membres supplémentaires : Isabey, de Lajolais, Théodore Rousseau ; membres nommés par l’Administration : MM. Cottier, Théophile Gautier, Lacaze (1), marquis Maison, Reiset, Paul de Saint-Victor, Alfred Arago.

Je me hâte de mettre l’Administration hors de cause. C’est ici une querelle simplement artistique, et je tiens à désintéresser tous ceux qui n’ont pas de pinceaux entre les mains. Je me contenterai de faire observer à M. Paul de Saint-Victor (2), à M. Théophile Gautier surtout, qu’ils ont été bien sévères pour des jeunes gens dont le seul crime est de tenter de nouvelles voies. M. Théophile Gautier, qui tire de si jolis feux d’artifice dans Le Moniteur en l’honneur des toiles qu’il a reçues, ne se souvient donc pas de 1830, lorsqu’il portait des gilets rouges (3) ? Hélas ! je le sais, nous n’en sommes plus aux gilets rouges, nous en sommes à la chair nue et vivante, et je comprends toute l’angoisse d’un vieux romantique impénitent qui voit ses dieux s’en aller.
Restent vingt et une roues à la machine. Voici la description de chacune de ces roues et l’explication de leur mode de travail.
M. Gérome. Juré très rusé et très habile. Il aura compris la déplorable besogne qui allait se faire, et il s’est sauvé en Espagne, un jour avant l’ouverture des assises, pour revenir juste un jour après leur fermeture. Tous les jurés auraient dû imiter cette sage et prudente conduite. Nous aurions eu au moins une exposition complète.
M. Cabanel. Artiste comblé d’honneurs, employant toutes les forces qui lui restent à porter sa gloire, toujours occupé à ce qu’aucun de ses lauriers ne glisse à terre, n’ayant donc pas le temps d’être méchant. Il a montré, m’assure-t-on, beaucoup de douceur et d’indulgence. On m’a conté que la grande médaille qu’il s’est décernée l’année dernière a failli l’étouffer. Il est encore tout honteux, comme un glouton qui s’est donné publiquement une indigestion.
M. Pils. Étouffant moins que M. Cabanel, se croyait assez solide pour ne pas tenter de renverser les autres.
M. Bida. On a sans doute élu ce dessinateur pour juger les dessinateurs, car il n’a jamais réussi comme peintre. M. Bida défend les principes.
M. Meissonier. Rien n’est long à faire, parait-il, comme de petits bonshommes, car le peintre en titre de Lilliput, l’artiste homéopathe à doses infinitésimales, a manqué presque toutes les séances. On m’a dit pourtant que M. Meissonnier avait assisté au jugement des artistes dont le nom commence par un M.
M. Gleyre. Ce peintre qui, l’année dernière, se trouvait le dernier sur la liste des jurés, y figure cette année au sixième rang. Ce vote a une légende.
Certain cercle de peintres, dont j’ai parlé et dont je parlerai encore, était navré, raconte la légende, de voir que M. Gleyre, un artiste si digne et si honorable, se trouvât le dernier sur la liste.
Or, un jour, un membre du cercle offrit de lui faire donner une place excellente, à la condition que tous ceux qui voteraient pour lui voteraient en même temps pour M. Dubufe*. Et voilà pourquoi M. Gleyre est le sixième sur la liste, voilà pourquoi M. Dubufe a pour la première fois, l’honneur de faire partie du jury. J’ai dit que ce n’était là qu’une légende.
D’ailleurs, le maître, celui dont les élèves font aujourd’hui les méchants, s’est conduit en excellent homme. Vous savez que le roi n’est jamais le plus grand royaliste. Peut-être M. Gleyre s’est-il souvenu d’une terrible leçon que, selon la chronique, lui aurait infligée M. Ingres, au château de Dampierre, où les deux artistes avaient à peindre des fresques dans la même salle. M. Ingres, arrivant pour se mettre à l’œuvre, aurait exigé qu’on badigeonnât deux fresques que M. Gleyre avait déjà exécutées, déclarant qu’il ne pouvait travailler en un tel voisinage.
M. Français. Il ne sait pas trop lui-même s’il est réaliste ou s’il est idéaliste. Il peint des bois sacrés et des bois de Meudon. On m’assure qu’il a débuté par des paysages assez largement compris et peints avec une certaine force. Je ne connais de lui que des sortes d’aquarelles lavées à grande eau. Il a dû être très dur pour les tempéraments vigoureux.
M. Fromentin. Grand ami de M. Bida. Il a été en Afrique et en a rapporté de délicieux sujets de pendule. Ses Bédouins sont d’un propre à manger dans leurs assiettes. Tous ces artistes suaves, qui comprennent la poésie, qui déjeunent d’un rêve et qui dînent d’un songe, ont de saints effrois à la vue des toiles leur rappelant la nature, qu’ils ont déclarée trop sale pour eux.
M. Corot. Un artiste d’un grand talent. Je m’expliquerai sur lui plus tard. Il a été mou dans la défense des toiles qui auraient dû lui être sympathiques. Pour expliquer son attitude dans le jury, j’ai recours à une anecdote. C’était l’année dernière, on distribuait les médailles. Certains jurés s’extasiaient devant un paysage de M. Nazon, et se démenaient pour arracher sa voix à M. Corot. À la fin, celui-ci, fatigué :  » Je suis un bon garçon, dit-il, donne-lui une médaille, mais j’avoue que je ne comprends rien à ce tableau. « 
M. Robert Fleury. Un reste de romantisme qui a su se faire accepter en mettant de l’eau dans son vin. Très opposé à tout mouvement nouveau. Il jugeait au Salon, mais sa place depuis un mois était à Rome, où il est nommé directeur de notre école, en remplacement de M. Schnetz. Dire que M. Gérome n’avait pas de prétexte et qu’il s’est sauvé, et dire que M. Robert Fleury avait un prétexte et qu’il est resté ! Que voulez-vous, il y a des hommes qui accomplissent fermement leur devoir. On me dit que le fils de M. Robert Fleury* expose cette année et qu’il aura sans doute une des quarante médailles.
M. Breton. Celui-ci est un peintre jeune et militant. Il se serait écrié, en face des toiles de M. Manet :  » Si nous recevons cela, nous sommes perdus. «  Qui ? nous ? …. M. Breton en est aux paysannes qui ont lu Lélia et qui font des vers le soir, en regardant la lune. On parle, de par le monde, de la noblesse de ses figures. Ainsi tient-il à ne pas laisser entrer un seul paysan vrai au Salon. Cette année, il en a gardé l’entrée, et il a mis impitoyablement à la porte tout ce qui exhalait la puissante odeur de la terre.
M. Hébert. Artiste sentant la fièvre. D’une grâce trop maladive pour vivre en bonne amitié avec les saines réalités.
M. Dauzats. Juré de fondation. Ses états de service ne sont pourtant pas très nombreux ni très brillants. Il a voté avec les autres, c’est tout ce que je sais.
M. Brion. Le compère de M. Breton. Ils conduisaient tous deux la campagne. N’est-il pas triste de voir des travailleurs, jeunes encore, connus d’hier seulement, fermer la porte avec violence au nez de ceux qui tentent le succès par une autre voie ? M. Brion l’a avoué lui-même devant quelqu’un que je nommerai s’il le faut. Comme on lui parlait de l’attitude du jury :  » Oui, a-t-il dit, il y a eu un peu de parti pris. «  Devant une telle déclaration, ne devrait-on pas casser les jugements d’un tribunal qui avoue lui-même sa partialité ?
M. Daubigny*. Je ne saurais trop le louer. Il s’est conduit en artiste et en homme de cœur. Lui seul a lutté contre certains de ses collègues, au nom de la vérité et de la justice.  » Ne refusons que les nuls et les médiocres, disait-il ; acceptons les tempéraments, tous ceux qui cherchent et qui travaillent. « 
Belle parole, qui devrait être la seule loi de ce tribunal d’artistes jugeant des artistes.
Les efforts de M. Daubigny ont été paralysés, il a été battu dans chaque vote ; à deux ou trois reprises, il a parlé de se retirer, devant les incroyables décisions de ses collègues.
Un trait achèvera de peindre cette figure sympathique :
Son fils* et sa fille ayant envoyé au Salon l’un des paysages et l’autre des fleurs, il s’est absenté pendant que le jury décidait du sort de ces tableaux.
M. Barrias. Excellent homme. Il s’est contenté de voter avec les autres.
M. Dubufe. Il a été nommé le dix-septième, afin que M. Gleyre fût nommé le sixième, d’après la légende que j’ai contée plus haut. M. Dubufe, qui peint les portraits au fard et à la craie, a fait chorus avec MM. Breton et Brion. Il a manqué de s’évanouir devant Le Joueur de fifre*, de M. Manet, et a prononcé ces paroles grosses de menaces :  » Tant que je ferai partie d’un jury, je ne recevrai pas de toiles pareilles. « 
M. Baudry*. Cet artiste est très irrité de ses derniers insuccès. C’est une singulière idée que de le charger de travailler au succès des autres.
M. Isabey. Un romantique égaré dans notre époque. Il est resté comme de juste fidèle à ses dieux, et se fait un devoir de jeter des pierres à tous les dieux nouveaux.
M. de Lajolais. M. de Lajolais qui, M. de Lajolais quoi ? Vous vous questionnez, comme je me suis questionné moi-même. Ne cherchez pas, vous ne trouveriez rien, et puis j’ai pris le souci de chercher pour vous. Je vous demande pardon d’accorder la plus large place au plus inconnu des jurés. Le cas est curieux et en vaut vraiment la peine.

M. de Lajolais – puisque M. de Lajolais il y a – est un élève de M. Gleyre qui a pour tout bagage artistique un paysage exposé en 1864, et un autre paysage exposé en 1865. En outre, il a organisé l’exposition rétrospective de la place Royale. Voilà ses titres. Mais j’oublie le plus important : il paraîtrait qu’on lui doit les élections combinées de MM. Gleyre et Dubufe.

Comme il distribuait ainsi d’une main habile les voix de ses confrères, quelques-unes de ces voix sont restées entre ses doigts. Il a passé dans le tas et a été nommé.
En 1863, les toiles de M. de Lajolais ont été refusées par l’Académie ; que pensent les académiciens, MM. CabanelRobert Fleury, Meissonier, d’avoir aujourd’hui pour collègue un garçon qu’ils jugeaient indigne dernièrement de figurer au Salon ?
Il vous semble sans doute, comme à moi, que ce juge inconnu, nommé on ne sait comment ni pourquoi, avait charge d’être indulgent. Or, M. de Lajolais s’est vanté devant témoins de n’avoir accordé son vote qu’à trois cents toiles, et le Salon en contiendra environ quatre mille.
Comprenez-vous le rôle de ce refusé d’hier qui jette à la porte tous ses camarades ?
Il ne me reste plus qu’à rappeler une phrase de la lettre que M. de Nieuwerkerke (4) nous a fait l’honneur d’écrire chez nous :  » Le jury est, dit-il, une réunion d’hommes de talent desquels la France a le droit de s’enorgueillir… «  Pardon, monsieur le comte, est-ce que M. de Lajolais est un de ces hommes de talent dont j’ai le droit de m’enorgueillir ? Je vous assure, en ce cas, que je n’abuserai jamais de ce droit.
M. Théodore Rousseau*. Un romantique endurci. Il a été refusé pendant dix ans, il rend dureté pour dureté. On me l’a représenté comme un des plus acharnés contre les réalistes, dont il est pourtant le petit cousin.

Maintenant, voilà la machine démontée sous vos yeux. Vous pouvez prendre connaissance de chaque rouage et les étudier même plus librement que je n’ai pu le faire ici. Voulez-vous que nous remontions la machine et que nous la fassions fonctionner un peu ? Prenons délicatement les roues, les petites et les grandes, celles qui tournent à gauche et celles qui tournent à droite. Ajustons-les et regardons le travail produit. La machine grince par instants, certaines pièces s’obstinent à aller selon leur bon plaisir, mais, en somme, le tout marche convenablement. Si toutes les roues ne tournent pas, poussées par le même ressort, elles arrivent à s’engrener les unes dans les autres et à travailler en commun à la même besogne.
Il y a les bons garçons qui refusent et qui reçoivent avec indifférence, il y a les gens arrivés qui sont en dehors des luttes ; il y a les artistes du passé qui tiennent à leurs croyances, qui nient toutes les tentations nouvelles ; il y a enfin les artistes du présent, ceux dont la petite manière a un petit succès et qui tiennent ce succès entre leurs dents, en grondant et en menaçant tout confrère qui s ‘ approche.
Le résultat obtenu, vous le connaissez : ce sont ces salles si vides et si mornes, que nous visiterons ensemble. Je sais bien que je ne puis faire au jury un crime de notre pauvreté artistique. Mais je ne puis lui demander compte de tous les artistes audacieux qu’il décourage.
On reçoit les médiocrités. On couvre les murs de toiles honnêtes et parfaitement nulles. De haut en bas, de long en large, vous pouvez regarder : pas un tableau qui choque, pas un tableau qui attire. On a débarbouillé l’art, on l’a peigné avec soin ; c’est un brave bourgeois en pantoufles et en chemise blanche.
Ajoutez à ces toiles honnêtes, signées de noms inconnus, les tableaux exempts de tout examen. Ceux-là sont l’œuvre des peintres que j’aurai à étudier et à discuter.
Voilà le Salon, toujours le même.
Cette année, le jury a eu des besoins de propreté encore plus vifs. Il a trouvé que l’année dernière le balai de l’idéal avait oublié quelques brins de paille sur le parquet. Il a voulu faire place nette, et il a mis à la porte les réalistes, gens qui sont accusés de ne pas se laver les mains. Les belles dames visiteront le Salon en grandes toilettes : tout y sera propre et clair comme un miroir. On pourra se coiffer dans les toiles.
Eh bien ! je suis heureux de terminer cet article en disant aux jurés qu’ils sont de mauvais douaniers. L’ennemi est dans la place, je les en avertis. Je ne parle pas des quelques bons tableaux qu’ils ont reçus par inadvertance. Je veux dire tout simplement que M. Brigot, contre lequel on a pris les plus grandes précautions, aura pourtant deux études au Salon. Cherchez bien, elles sont dans les B, quoique signées d’un autre nom.
Ainsi, jeunes artistes, si vous désirez être reçus l’année prochaine, ne prenez pas le pseudonyme de Brigot, prenez celui de Barbanchu. Vous êtes certains d’être acceptés à l’unanimité. Il paraît décidément que c’est une simple affaire de nom.

NOTES :

1 – Le docteur Lacaze était un collectionneur célèbre qui ouvrait ses collections à un public choisi un jour par semaine (Degas doit à ses origines sociales d’avoir pu visiter celles-ci) 

2 – Paul de Saint-Victor fut l’un des critiques les plus redoutés de L’Artiste, revue consacrée à l’actualité littéraire et artistique : ses comptes rendus du Salon étaient très attendus. Créée en 1831, la revue mena campagne contre l’académie pour le romantisme. Son combat n’est pas étranger à l’entrée de Delacroix à l’Institut. Comme Théophile Gautier, qui participa lui aussi à L’Artiste, Paul de Saint-Victor renie donc aux yeux de Zola les engagements de sa jeunesse.

3 – En prenant le parti des professeurs de l’école des Beaux-Arts contre les novateurs, Théophile Gautier renie tous les engagements de sa jeunesse. Le 25 février 1830, il faisait en effet partie des rebelles – rapins et poètes romantiques -, qui envahirent les loges et le parterre du Théâtre Français à la première d’Hernani pour défendre Victor Hugo contre la cabale de l’école classique. Affublés de costumes « à la Rubens et à la Vélasquez », ces « chevaliers de l’avenir », ces « défenseurs de l’art libre » conspuaient « l’habit noir à queue de morue » des « assis » de la Restauration. Leurs cheveux longs défiaient les « crânes académiques » contre lesquels un jeune sculpteur n’hésita pas à demander la guillotine !

4 – Le sculpteur Alfred-Emilien de Nieuwerkerke (1811-1892) fut aussi un homme de pouvoir : directeur du musée du Louvre, directeur général des musées de France, il fut surintendant des Beaux-Arts sous le Second Empire. Hostile à toute expression artistique démocratique, il poursuivit de sa vindicte non seulement le réalisme mais aussi l’école du paysage, dont il supprima le prix en 1863.

 

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