Le Salon de 1873

Enfin, le règlement du prochain Salon de peinture vient de paraître. Il est absolument le même que celui de l’année précédente. Les artistes espéraient qu’on rétablirait le suffrage universel, c’est-à-dire le vote de tous les peintres qui ont exposé une fois. Une pétition dans ce sens, signée de trois cents noms, est restée sans réponse. La peinture est moins libre que sous l’Empire ; ce ne sont que les artistes médaillés qui auront le droit d’élire le jury. Il s’est aussi produit la demande d’un Salon des Refusés, qui, comme vous le pensez, n’a pas eu davantage de succès.

Le Sémaphore de Marseille, 30 janvier 1973

Paris , 27 mars

Hier, grand déballage de tableaux et de statues au palais de l’Industrie. C’était le jour de grâce accordé aux artistes pour l’envoi des œuvres qu’ils destinent au Salon annuel. Depuis quelques années, la mode est venue d’aller assister à cet arrivage. Les artistes ont seuls le droit d’entrer ; mais la consigne s’est relâchée, et le tout Paris des lettres et des arts se rend là comme à une répétition générale aperçue de la coulisse. On voir apporter des choses incroyables. Par instants, on fait des succès de huées à certains plâtres et à certaines toiles. Rien n’est lamentable comme ce charriage de peinture poussiéreuse, et c’est à dégoûter des plus belles choses. Je puis cependant vous citer plusieurs morceaux qui m’ont frappé. Voici des œuvres qui seront certainement beaucoup remarquées : Brest : Sur le Bosphore ; Carolus Duran : Portrait de Melle Croisette ; Chaplin : La Bohémienne ; Feyen-Perrin : Femmes à la fontaine ; Melle Jacquemart : Portrait de M. Dufaure et Portrait de la comtesse de Castellane ; Humbert : Samson et Dalila ; Puvis de Chavannes : La Moisson ; Vibert : Un mariage espagnol ; Edouard Manet : Le Bon bock ; Robert Fleury : Les Furies, etc. En sculpture, je me contenterai de citer une Eve de M. Falguière, une Jeune fille aux colombes de M. Franceschi, et surtout une cire polychrome de M. Henri CrosUne Femme du IV siècle assistant à un tournoi, qui est un véritable bijou gothique.

Le Sémaphore de Marseille, 29 mars 1873

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