Centenaire de l’affaire Dreyfus – Allocution de François Labadens

Allocution de M. François LABADENS, Secrétaire Général de la Société Littéraire des Amis d’Emile Zola (Panthéon, 13 janvier 1998)

« Tout semble contre moi », disait Emile Zola … « Je n’ai pour moi que l’idée, un idéal de vérité et de justice. Et je suis bien tranquille, je vaincrai ». L’héroïque assurance de l’intellectuel, dans la déclaration aux jurés, lors du premier procès de « J’Accuse…! » en février 1898, peut être mise au centre de cette célébration nationale. C’est au moins ce qu’a pensé le petit noyau d’associations et d’institutions qui, avec l’aide de la Bibliothèque Nationale de France, ont lancé le mouvement : La Société Littéraire des Amis d’Emile Zola, le Centre d’Etudes sur Zola et le Naturalisme, l’Association du Musée Emile Zola, la Société Internationale d’Histoire de l’Affaire Dreyfus.

« J’Accuse…! » : exemplarité plus actuelle que jamais d’une page d’histoire, leçon d’espoir pour toutes les causes défendues par les forces conjuguées de la raison et de l’humanisme, de l’intelligence et du respect du prochain, exemple pour toutes les protestations en faveur des innocents aujourd’hui enfermés, en faveur des innocents aujourd’hui démunis ou errants, en faveur des innocents aujourd’hui massacrés.

De la Ligue des Droits de l’Homme, fille de l’Affaire Dreyfus, au Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, en passant par les Eglises ou le Grand-Orient par exemple, de très nombreuses institutions ont en ce jour l’occasion de manifester, chacune à leur façon, leur volonté de ne jamais cesser le combat contre les racismes, contre les fanatismes, contre les injustices, contre les exclusions.

Et puis, alors que l’Assemblée Nationale offre au passant – et en particulier à la jeunesse – une originale leçon d’histoire, la presse se souvient que le 13 janvier est finalement sa fête.

Le Président de la République, dans la lettre qu’il a adressée aux descendants d’Alfred Dreyfus et d’Emile Zola, salue l’indéfectible amour de la Patrie manifesté tout au long de son calvaire par le Capitaine, qui, au « Vive Dreyfus » de ses partisans, enfin vainqueurs en 1906, rétorquait : « Non, vive La France ! ». Mais cet homme, acharné à vivre pour retrouver et sa famille et son honneur, avait également bien compris l’enjeu historique de son atroce aventure :  » le long combat pour faire proclamer mon innocence a été une de ces œuvres qui retentiront jusque dans l’avenir le plus lointain, une idée de liberté, de justice, de solidarité sociale « .

Ce cheminement vers la justice enfin rendue, victoire posthume d’Emile Zola, victoire de la France sur elle-même, une éminente personnalité de l’institution judiciaire, M. Pierre Drai, Premier Président honoraire de la Cour de Cassation, va dans quelques instants l’évoquer.

Ensuite, parachevant l’engagement réel dans cette célébration de membres du Gouvernement dont l’énoncé des champs de responsabilités claque comme autant de composantes de l’esprit civique : Justice, Education, Défense, Culture, le Premier Ministre apportera à Emile Zola l’hommage du Gouvernement.

« Je n’ai pour moi », déclarait Emile Zola aux jurés, en février 1898, « que l’idée, un idéal de vérité et de justice. Et je suis bien tranquille, je vaincrai ». Et il ajoutait, vous le savez, « je n’ai pas voulu que mon pays restât dans le mensonge et dans l’injustice. On peut me frapper ici. Un jour, la France me remerciera d’avoir aidé à sauver son honneur. »

Monsieur le Premier Ministre,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Chers Amis,

Au nom des associations organisatrices et des descendants de nos deux héros, je suis heureux de vous accueillir ici, tellement nombreux, pour rendre hommage à Alfred Dreyfus et Emile Zola.